Le groupe suisse, actif dans le ciment, les granulats et le béton prêt-à-l'emploi, a déjà réalisé 12 transactions depuis janvier après avoir scellé 19 rachats l'an passé, notamment pour renforcer sa nouvelle division spécialisée dans les produits pour toitures et façades.
Cette division appelée Solutions & Produits est "notre nouveau champion", a déclaré Jan Jenisch lors d'une conférence téléphonique, alors que le groupe s'est fixé pour objectif qu'elle contribue à 30% du chiffre d'affaires d'ici 2025.
Début avril, le groupe a finalisé le rachat de l'américain Duro-Last pour près de 1,3 milliard de dollars afin de renforcer sa présence aux Etats-Unis dans les produits pour toitures.
Il a aussi racheté récemment un grossiste au Mexique pour renforcer la distribution de ses produits, un fabricant d'éléments en béton préfabriqués en Pologne, un fabricant de produits de toitures et d'isolation en Argentine ainsi qu'une entreprise britannique spécialisée dans les matériaux de construction recyclés, pour des montants non dévoilés.
Le patron d'Holcim privilégie deux axes pour la croissance externe : les rachats destinés à cette nouvelle division et les acquisitions dans les agrégats et le béton, un segment morcelé qui compte beaucoup de petites "entreprises familiales", souligne-t-il.
"Au total, je pense que nous pouvons aller vers 30 transactions ou plus pour l'ensemble de l'année 2023", a estimé M. Jensich.
Si beaucoup seront des petites acquisitions ciblées, "nous ne sommes pas contre des grandes transactions", a-t-il ajouté.
Objectif de ventes relevé
Cet ancien patron du groupe suisse Sika, très apprécié des investisseurs en Suisse, s'était vu confier les commandes en 2017 pour restaurer la confiance en plein scandale autour des activités en Syrie du français Lafarge avec qui le cimentier suisse avait fusionné deux ans plus tôt.
Dans un premier temps, M. Jenisch avait procédé à d'importantes cessions pour réduire la dette du groupe, fortement alourdie par sa fusion avec Lafarge.
Mais après le rachat en avril 2021 de Firestone Building Products pour 3,4 milliards de dollars, le groupe est passé à l'offensive.
Il a pu ainsi se diversifier dans les produits pour toiture, un marché qui, rien qu'en Amérique du Nord, pèse plus de 40 milliards de dollars et est en pleine croissance avec l'isolation des bâtiments qui permet de réaliser des économies d'énergie.
L'an passé, Holcim a vendu ses participations dans ses filiales indiennes au conglomérat indien Adani et engrangé un gain de 6,4 milliards de dollars, lui donnant les moyens de poursuivre ses acquisitions.
Au premier trimestre, le chiffre d'affaires d'Holcim s'est contracté de 11,1% à 5,7 milliards de francs suisses (5,8 milliards d'euros) compte tenu de cette cession.
Sa croissance organique a toutefois atteint 8%, dépassant les prévisions des analystes interrogés par l'agence suisse AWP qui tablaient en moyenne sur 6,7%, grâce notamment à des ventes meilleures qu'escomptées en Europe.
Holcim a relevé les prévisions de croissance annuelle de ses ventes à 6%, contre 3 à 5% attendu auparavant.
Le premier trimestre est souvent plus lent en raison des conditions climatiques qui limitent les chantiers et Bernd Pomrehn, analyste chez Vontobel, voit dans ce relèvement précoce un signe de "confiance d'Holcim dans sa réserve de projets", selon un commentaire boursier.
Les analystes de Jefferies notent toutefois que si la croissance en Europe "impressionne", les ventes en Amérique du Nord ont ralenti. Bien qu'Holcim assure que ses carnets de commandes sont bien remplis, ce ralentissement risque de compliquer "le récit sur la transformation" du groupe, "au moins à court terme", jugent-ils.
Après avoir ouvert en hausse, l'action se repliait de 0,31% à 58,74 francs à 10H09 GMT, à contre-tendance du SMI, l'indice phare de la Bourse suisse, en hausse de 0,21%.
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