A son salon mondial, le monde de l'immobilier espère sortir du trou

Le Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim), principal salon du secteur, s'ouvre mardi à Cannes en plein coup d'arrêt de l'activité, avec de discrets espoirs de voir la machine repartir.

Plus de 20.000 participants, venus de 90 pays, sont attendus, soit un étiage proche de 2023 (22.500), "ce qui est plutôt positif dans le contexte plutôt délicat qu'on a connu ces derniers mois", confie le directeur du salon, Nicolas Kozubek.

Le secteur de l'immobilier nage en effet en plein marasme dans de nombreux pays, comme au Royaume-Uni, en Allemagne ou en France, où les prix des logements ont commencé à chuter, tout comme le rythme de la construction neuve.

La flambée, depuis un an et demi, des taux d'intérêt, a fortement contribué à gripper l'activité dans l'immobilier.

En renchérissant le coût du crédit, elle a fortement découragé les particuliers d'investir dans un logement, faisant décroître les volumes de transactions dans l'ancien.

Dans le neuf, les coûts de construction élevés sont venus s'ajouter à l'assèchement de la demande, mettant promoteurs et constructeurs sous forte pression.

Pour les foncières, qui détiennent un parc de bâtiments pour les louer, la flambée des taux les pousse à remettre à plus tard des projets d'investissement, et à réduire leur endettement.

Mais plusieurs acteurs présents au Mipim veulent croire que les banques centrales vont commencer à baisser leurs taux directeurs au printemps, permettant à l'activité de repartir.

"On est probablement arrivés près de la fin du cycle baissier et près d'un redémarrage des marchés immobiliers", veut croire Raphaël Brault, directeur des investissements Europe pour l'investisseur immobilier AEW.

"Une fois qu'on a acté cet état de fait, on est plutôt dans une logique où on se dit qu'on va amorcer l'entrée d'un nouveau cycle", ajoute-t-il.

L'industrie doit "rester mobilisée pour lancer des projets qui nourriront les années suivantes", a dit, lors de la présentation de l'évènement fin janvier, Antoine Frey, PDG de la foncière commerciale Frey. "L'immobilier est un métier de cycles très longs, et avant que la machine redémarre il se passe toujours du temps, et le Mipim aide à ça".

La part belle aux élus

Alors que les difficultés d'accès au logement frappent un nombre croissant de villes, le sujet est au coeur du sommet organisé la veille de l'ouverture, souvent révélateur des grandes tendances.

En présence de la ministre allemande du Logement, Klara Geywitz, et des maires de Copenhague et Hanovre, il visera selon les organisateurs à "explorer des solutions face à la demande croissante de logements, à la flambée des prix et à l'inégalité en matière de logement".

"Le Mipim est parfois beaucoup assimilé au tertiaire et au bureau, donc là, on renforce beaucoup notre approche du logement", avance Nicolas Kozubek.

"On va parler de nouveaux modèles économiques et de nouveaux usages", détaille-t-il, citant les résidences gérées, le build-to-rent, soit le fait de construire un bâtiment pour le louer et non pour le revendre, ou le coliving, sorte de colocation avec services.

Le salon entend faire plus que jamais la part belle aux élus.

L'ex-Première ministre finlandaise Sanna Marin, qui a depuis rejoint le Tony Blair Institute, donnera la leçon inaugurale.

Le Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin et les ministres du Logement du Royaume-Uni et d'Oman sont également attendus.

Une soixantaine de maires ou dirigeants de collectivités françaises doivent également participer au Forum des élus, pensé pour rapprocher acteurs publics et privés.

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