Paprec reprend des activités de la Cnim à la Seyne-sur-Mer

Le tribunal de commerce de Paris a désigné mardi le groupe Paprec comme repreneur des activités de traitement des déchets du groupe industriel Cnim (Constructions navales et industrielles de Méditerranée) à la Seyne-sur-Mer (Var), en déshérence économique malgré le soutien de l'Etat.

"Le projet plus large de Paprec Group, qui repose sur trois métiers complémentaires d'investisseur, de constructeur et d'exploitant, dans un environnement international, rend son offre meilleure" eu égard à la pérennité de l'activité, a écrit le tribunal dans son jugement consulté par l'AFP.

Le tribunal a également expliqué suivre les avis du dirigeant, du contrôleur, ainsi que du juge-commissaire et du ministère public, tous favorables à l'offre du Français Paprec Group. Seuls les salariés étaient favorables à son concurrent CMI France.

"C'est le fric qui a parlé, les salariés n'ont pas été écoutés, c'est une grande déception", a réagi Philippe Valeriani, contacté par l'AFP au nom de l'intersyndicale (CGT, FO et CFE-CGC).

La Cnim, créée en 1856 et détenue majoritairement par la famille Dmitrieff, avait été placée en janvier sous procédure de sauvegarde judiciaire, sa filiale EPC (environnement et déchets) étant elle placée en redressement judiciaire.

Le groupe développe et réalise des ensembles industriels clés en main à fort contenu technologique dans les domaines de l'environnement, de l'énergie, de la défense et de l'industrie. Il emploie quelque 800 salariés en France, à la Seyne-sur-Mer, à travers ses deux activités EPC et Innovation et Systèmes.

Au 30 septembre 2021, le groupe employait encore 2.161 salariés dont 1.609 en France, selon le jugement du tribunal de commerce. En 2020, son chiffre d'affaires avait atteint 633 millions d'euros pour une perte nette de 131 millions d'euros, selon la même source.

Le groupe a souffert "d'erreurs managériales", avait indiqué en janvier Bercy qui suit de près le dossier.

Pour tenter de maintenir à flot ce groupe historique, l'Etat a investi plus de 100 millions d'euros en deux ans, dont "40 millions d'euros au printemps 2021 et 85 millions d'euros à l'automne" suite à la crise du Covid. Sur cette dernière somme, 20 millions d'euros n'a pas encore été décaissés, avait précisé le ministère de l'Economie en début d'année.

"L'argent public a été jeté par les fenêtres sans contrepartie. Où est passé l'argent public?", a dénoncé mardi M. Valeriani.

Lors d'une visite sur les lieux au printemps 2021, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait assuré que Cnim était "définitivement sauvée" et ne serait "pas démantelée" grâce au prêt direct de l'Etat.

"L'offre de Paprec permet d'assurer à la fois l'ancrage sur la Seyne-sur-Mer de l'activité EPC et de reprendre 227 des 300 contrats de travail présents sur le site et, en complément, propose 84 postes de reclassement, dont une partie à La Seyne-sur-Mer", s'est pour sa part félicité le cabinet de la ministre de l'Industrie d'Agnès Pannier-Runacher.

"L'issue est bien plus favorable que celle qu'on pouvait avoir fin 2021", a estimé le cabinet de la ministre, rappelant qu'il n'y avait à l'époque pas de candidat ou des repreneurs chinois "dont on ne savait pas trop ce qu'ils voulaient faire".

Les "équipes techniques et d'ingénierie (d'EPC) sont le dépositaire français des savoir-faire de conception de centrales thermiques et de valorisation des déchets", a salué Paprec dans un communiqué, estimant qu'elles étaient "à l'origine de premières technologiques importantes" dans le domaine des unités de conversion thermique, de la combustion de déchets et de biomasse.

Le spécialiste du traitement et de la valorisation des déchets compte créer ainsi à la Seyne-sur-Mer "une plateforme d'excellence nationale et internationale".

Paprec avait déjà repris une autre filiale du groupe CNIM, O&M, en juillet.

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