MPR : Le Gouvernement retourne-t-il réellement sa veste ? (Dorémi)

Le 15 mai, le dispositif "MaPrimeRénov" connaîtra un changement drastique. À partir de cette date, le parcours par geste ne sera plus soumis à l’obligation de changer le système de chauffage, et les passoires thermiques pourront s’y inscrire. Vincent Legrand, Président de l’ESS Dorémi, spécialiste de la rénovation performante, livre son analyse sur ce revirement.

« Le “retour des monogestes”, que le Gouvernement avait décidé l’an passé de limiter au profit des rénovations dites “d’ampleur”, n’est certes pas un signal favorable pour inciter les ménages à réaliser des rénovations énergétiquement ambitieuses… Cependant, et même si cela peut paraître contre-intuitif, ce retour des gestes de travaux est aujourd’hui affiché par l’Etat comme une parenthèse pour laisser le temps à la filière du bâtiment de sortir de la crise en cours (baisse des constructions neuves, baisse des prêts à cause de la hausse des taux d’intérêt et donc de la demande de travaux…) et de se réorganiser.

 
Cette réouverture annoncée comme temporaire ne semble donc pas remettre en cause la volonté, aujourd’hui largement partagée par la grande majorité des acteurs du bâtiment, d’aider les ménages à rénover performant, en abandonnant les monogestes reconnus comme inefficaces pour les intégrer dans un parcours de rénovation coordonné aboutissant à la performance.
Nous constatons par ailleurs que ce nouveau soubresaut ne remet pas en question le financement “MPR rénovation d’ampleur”. Cette avancée, à laquelle Dorémi a travaillé durant de nombreuses années, semble aujourd’hui bien actée, et c’est une bonne chose ! 

 
Cette transformation de la filière nécessite un soutien et une formation des professionnels du bâtiment qui, s’ils connaissent leur métier, doivent intégrer les nouvelles compétences liées à la rénovation performante (étanchéité à l’air, traitement des “ponts thermiques”, nouveau dimensionnement des systèmes de chauffage…). La réouverture temporaire des monogestes ne doit pas faire oublier la nécessité d’une intégration rapide par la filière de ces nouvelles compétences.

 
Pour que la nouvelle politique publique en faveur de la rénovation performante porte ses fruits, il faut que le Gouvernement tienne le cap, et  qu’il communique beaucoup plus largement sur ses bénéfices de cette rénovation, afin d’encourager les ménages à suivre des parcours de rénovation performante, qui sont les seuls économiquement, socialement et écologiquement viables. »