A Lyon, HLM et gouvernement tentent de recoller les morceaux

Retrouver la confiance: réunis à Lyon pour leur congrès annuel, les bailleurs sociaux veulent renouer un dialogue avec le gouvernement, après des années de froid sur fond d'économies budgétaires.

Lundi, le gouvernement a présenté les grandes lignes de son projet de loi de finances (PLF), pour le budget de l'Etat en 2023.

Les mesures d'économies prises depuis le début de la présidence d'Emmanuel Macron, que les bailleurs sociaux accusent d'avoir grevé leur capacité à investir, y sont maintenues, mais pas étendues.

En ouverture du congrès mardi, la présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH), Emmanuelle Cosse, a dit sentir "une inflexion, une écoute différente. Le PLF a été rendu public hier, il n'a pas aggravé la situation... ça nous change !", a-t-elle ironisé.

Non sans avoir éreinté l'Etat qui, "pendant cinq ans, (...), n'a eu de cesse de nous rendre la tâche plus difficile en nous obligeant à nous réorganiser, mais surtout en nous privant de capacités financières à agir".

Preuve que le nouveau ministre délégué à la Ville et au logement, Olivier Klein, présent pendant les trois jours du congrès, marche sur des oeufs.

 

"Ambiance de travail" 

D'ici à jeudi, les discussions doivent accoucher d'un "pacte de confiance" dont on attend des objectifs chiffrés d'autorisations, de constructions et de rénovations de logements sociaux.

"Il nous manque encore les moyens financiers pérennes pour faire face à l'ampleur de la tâche. Cette question animera certaines de nos rencontres ces prochains jours", a encore prévenu Emmanuelle Cosse.

Entre le monde HLM et le gouvernement, l'ambiance "est d'abord une ambiance de travail", a prudemment évacué Olivier Klein.

"Je peux vous assurer qu'on travaille, on travaille pour augmenter le nombre d'agréments, on travaille pour augmenter la production, on travaille pour augmenter le nombre de rénovations et de réhabilitations thermiques et on travaille pour trouver une confiance renouvelée avec le monde HLM parce que c'est le souhait du gouvernement ", a-t-il ajouté.

Mais le projet de budget a déjà suscité des critiques virulentes du côté d'Action Logement, premier bailleur social français, à nouveau mis à contribution à hauteur de 300 millions d'euros pour financier les aides à la pierre.

Les syndicats et le patronat, co-gérants de l'organisme, ont jugé lundi cette décision "inacceptable", ajoutant que "sans le retrait de cette ponction par le gouvernement, il sera difficile de renouer pleinement la confiance."

"C'est de l'argent qui va aller au logement social. On va continuer à travailler avec les partenaires sociaux. Action Logement est un partenaire essentiel du logement", a défendu le ministre, qui doit également négocier une convention quinquennale avec ce géant du logement social.

Les associations de locataires et de lutte contre le mal-logement n'ont pas été plus tendres.

"Pour nous, c'est sans surprise puisque c'était déjà plus ou moins annoncé: c'est un budget d'austérité sur le logement", a réagi auprès de l'AFP Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, soulignant que les mesures d'économies sur les bailleurs sociaux restaient en place.

"Trop d'incertitudes sur les engagements de l'Etat ne permettent pas à ce jour d'imposer une signature au mouvement HLM", a aussi jugé dans un communiqué l'association de locataires CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).

"Les 2,2 millions de demandeurs de logements attendront tandis que l'Etat prélèvera à nouveau (...) sur la trésorerie des bailleurs sociaux, fragilisant davantage encore les locataires qui subissent la crise de plein fouet", ajoute la CLCV.

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