De janvier à mars, Air Liquide a réalisé un chiffre d'affaires de 6,887 milliards d'euros, un niveau "jamais atteint", marquant un bond de 29% par rapport au premier trimestre 2021, et de 8% en comparable, ce qui exclut l'effet énergie, a indiqué le groupe mercredi.
Ce chiffre est légèrement supérieur à l'estimation de 6,76 milliards d'euros établie par un consensus de 14 analystes étudiés par Vara Research, et transmis par le groupe à la presse.
A la Bourse de Paris, le titre progressait de 0,2% mercredi en milieu de journée, à 161,48 euros.
Au premier trimestre, la division "Gaz et Energie" a bondi de 29%, à 6,59 milliards d'euros, "Ingénierie et construction" de 42%, à 108 millions d'euros, alors que les "marchés globaux et technologies" qui comportent notamment les activités de biogaz en plein développement en Europe, ont progressé de 22%, à 189 millions d'euros.
"Ce premier trimestre est en forte croissance, reflétant un bon niveau d'activité et démontrant à nouveau la résilience du groupe dans un contexte marqué notamment par l'inflation et la guerre en Ukraine", a indiqué le PDG du groupe Benoît Potier, cité dans un communiqué.
La flambée des cours de l'énergie sur les marchés est répercutée intégralement par contrat et sans décalage dans le temps aux clients de la grande industrie (raffinage, chimie, sidérurgie, cimenterie) qui représentent plus d'un quart des ventes, a indiqué le groupe.
Pour les clients dépendant du secteur industriel marchand, en général des groupes de plus petite taille qui représentent 45% des ventes, Air Liquide dit avoir mis en place une "politique proactive de prix" dont l'objectif est de passer intégralement ses coûts à ses clients. Jusqu'à présent, un tiers des hausses sont répercutées contractuellement dans ce secteur.
En présentant ces résultats, Air Liquide, dont la dépendance au marché russe ou ukrainien est "faible" -son chiffre d'affaires en Russie représentant 1% des ventes totales et quasi-nul en Ukraine- a néanmoins indiqué mercredi avoir activé sa Fondation "au profit des victimes de la guerre en Ukraine".
Objectif rentabilité et décarbonation
Le groupe a récemment lancé son nouveau plan stratégique "Advance" pour l'horizon 2025, combinant des objectifs de performance financière (croissance des ventes de 5 à 6% par an en moyenne, et rentabilité des capitaux employés supérieure à 10% à compter de 2023) avec le grand chantier de la décarbonation de l'industrie lié aux objectifs de neutralité carbone du groupe d'ici à 2050.
Pour y parvenir, il a signé un protocole d'accord avec l'Italien Eni pour décarboner les industries les plus émettrices de CO2 dans le bassin méditerranéen et il s'est lancé sur un projet de captage et séquestration de carbone (CCS) transfrontalier autour du port d'Anvers.
Le groupe s'est aussi engagé auprès du groupe de matériaux de construction Eqiom (ex Holcim France) pour faire de sa cimenterie de Lumbres dans le Pas-de-Calais, l'une des premières en Europe à devenir neutre en carbone. Un objectif d'autant plus important que la fabrication de ciment est l'une des activités les plus émissives, contribuant au réchauffement climatique, beaucoup plus que les avions par exemple.
Les deux partenaires ont déposé un dossier auprès du fonds européen d'innovation, pour l'installation d'un four à oxy-combustion et l'utilisation d'une technologie de captage cryogénique du CO2 développée par Air Liquide.
Air Liquide est par ailleurs en train de construire aux Etats-Unis la plus grande unité de production de biométhane du monde. Il a aussi annoncé récemment le lancement d'une filière de production d'hydrogène bas carbone à grande échelle en Normandie, grâce au soutien de l'Etat, et mène une étude sur l'utilisation de l'hydrogène dans l'aéroport international d'Incheon en Corée du sud après un accord avec Airbus et Korean Air.
Pour 2022, "en l'absence de perturbation significative de l'économie, Air Liquide est confiant dans sa capacité à augmenter à nouveau sa marge opérationnelle et à réaliser une croissance du résultat net récurrent, à change constant".
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