Intrusion chez Lafarge dans l'Eure: neuf militants jugés en juin

Neuf personnes, suspectées d'intrusion et de la séquestration d'un gardien dans une cimenterie Lafarge à Val-de-Reuil (Eure) en décembre, seront jugées le 27 juin devant le tribunal correctionnel d'Evreux, a annoncé vendredi le procureur de la République de la ville.

Cinq d'entre eux ont été placés sous contrôle judiciaire jusqu'à la tenue de l'audience, précise dans un communiqué Rémi Coutin.

Ces neuf personnes font partie des dix-sept interpellés lundi en Normandie et en Seine-Saint-Denis pour s'être introduit le 10 décembre avec un groupe d'une centaine de personnes sur un site industriel de Lafarge (groupe Holcim) à Val-de-Reuil.

"Vêtues de combinaisons blanches, les visages dissimulés et porteuses de gants", selon un communiqué lundi de M. Coutin, ces personnes avaient empêché l'agent de sécurité de sortir de son local avant de se livrer à "d'importantes dégradations".

L'enquête est confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la direction nationale de la police judiciaire et à la direction territoriale de la police judiciaire de Rouen.

Sur les 17 personnes interpellées lundi, huit ont été remises en liberté "en raison de l'insuffisance des charges réunies à leur encontre", précise M. Coutin.

"L'ensemble des neuf personnes poursuivies seront jugées pour les infractions de séquestration pour préparer ou faciliter la commission d'un crime ou d'un délit avec libération volontaire avant le septième jour, dégradations aggravées par deux circonstances et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement", ajoute-t-il.

Et trois d'entre elles "le seront de surcroît pour l'infraction de refus de se soumettre aux mesures de relevés signalétiques", selon le procureur, qui a précisé que les gardes à vue s'étaient déroulées "sans incident" et "seules trois personnes sur dix-sept ont accepté de répondre réellement aux questions des enquêteurs".

"Deux de ces trois personnes ont reconnu avoir servi de chauffeurs à une partie des individus ayant fait intrusion sur le site de l'entreprise, en affirmant n'avoir pas elles-mêmes participé à cette intrusion", poursuit-il.

Selon Chloé Chalot, avocate de l'une des personnes poursuivies et de plusieurs ayant bénéficié d'un classement sans suite, "au vu des déclarations du vigile, l'infraction de séquestration sera contestée à l'audience".

"Le fait de retenir cette infraction participe de la construction d'une image d'activiste violent", a-t-elle ajouté.

"Certaines personnes ont été interpellées très violemment", a estimé Enora Chopard, élue EELV à la ville de Rouen et porte-parole du comité de soutien aux interpellés du 8 avril. "Le fait que huit personnes ressortent avec un classement sans suite démontre la faiblesse de l'enquête. Cette opération démontre une volonté de criminaliser les opposants politiques assumée par le gouvernement alors que l'urgence climatique est là", a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué diffusé lundi, plusieurs associations, collectifs ou syndicats, dont Attac, les Soulèvements de la Terre, la Confédération paysanne de Seine-Maritime, l'Union syndicale Solidaires, précisaient que l'intervention avait duré, selon eux, "une dizaine de minutes", s'étonnant de "l'usage récurrent de l'antiterrorisme pour diaboliser spécifiquement les mobilisations qui menacent les lobbys industriels".

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