Ingénieur en génie civil, ce ressortissant australien né en 1979 succédera le 1er mai à l'Allemand Jan Jenisch, titulaire depuis l'an passé d'une double casquette de président et directeur général du groupe, selon un communiqué publié dimanche.
Comme M. Jenisch, M. Gutovic a fait une partie de sa carrière chez Sika, un fabricant suisse de mortiers et produits d'étanchéité pour le bâtiment, avant de rejoindre Holcim en 2018.
Membre du comité de direction, il avait d'abord dirigé les activités d'Holcim au Moyen Orient et en Afrique, puis en Europe.
Il avait ensuite également été chargé des questions de décarbonation qui englobent aussi bien l'utilisation d'énergies renouvelables dans ce secteur gourmand en énergie que le recyclage de matériaux de démolition ou la mise au point de matériaux à faibles émissions, comme l'argile calciné, selon le rapport annuel d'Holcim.
Interne
"Il était important pour nous de promouvoir un candidat interne qui connaisse l'entreprise" et soit en mesure de la gérer "dès le premier jour", déclaré M. Jenisch lors d'une conférence lundi avec les analystes financiers.
"Il est docteur en ingénierie civile", "passionné" par les nouveaux matériaux de construction, donc "nous ne pouvions pas demander un meilleur expert", a estimé M. Jenisch, qui l'a décrit comme "le candidat idéal" à l'heure où le groupe cherche à mettre l'accent sur des matériaux à plus faible empreinte carbone pour assurer sa croissance.
M. Jenisch avait, lui, repris les commandes en 2017, lorsque le groupe était en pleine crise après les révélations concernant une cimenterie en Syrie du groupe français Lafarge, avec qui Holcim avait fusionné en 2015.
Elle avait été maintenue en service malgré le conflit qui ravageait le pays, le groupe se voyant soupçonné d'avoir ainsi contribué à financer des groupes jihadistes, dont l'organisation Etat islamique (EI).
Le candidat favori
Pour ramener le calme, le groupe avait fait appel à M. Jenisch qui s'était bâti une solide réputation à la tête de Sika, en défendant cette entreprise bec et ongle lorsque le français Saint-Gobain avait tenté de s'en emparer à travers une offre controversée.
Il avait commencé par lancer une grande restructuration d'Holcim et multiplié les cessions pour réduire la dette du groupe qui s'était fortement alourdie après la fusion avec Lafarge. Dans un deuxième temps, il s'était lancé dans une course aux acquisitions et avait bâti une nouvelle division axée sur les toitures et produits d'étanchéité qui avait fortement renforcé Holcim aux Etats-Unis.
Fort de cette solide réputation, M. Jenisch s'est vu confier la présidence d'Holcim en mai 2023, mais avait décidé de conserver la direction "pour un temps limité", avait-il précisé, afin que le groupe prenne le temps de choisir son successeur.
"Miljan Gutovic était clairement le favori", a réagi Martin Hüsler, analyste à la Banque cantonale de Zurich, dans une note de marché, compte tenu, selon lui, de son expérience au sein du groupe.
Mais peu d'analystes ont commenté son arrivée aux commandes, le choix de ce candidat interne étant largement éclipsé par un projet, également annoncé dimanche, d'introduire séparément en Bourse les activités d'Holcim en Amérique du Nord.
M Gutovic continuera de travailler aux côtés de M. Jenisch qui s'est vu confier la mission de mener à bien cette introduction en Bourse.
Interrogé quant à savoir s'il reprendra ensuite la présidence des activités nord-américaines ou des activités historiques d'Holcim ou des deux, M. Jenisch a répondu que la décision n'a pas encore été prise.
"Je n'ai pas l'égo d'être le roi d'un empire", a-t-il répondu aux analystes. "Je serai probablement un (des) présidents", a-t-il ajouté.
Mais le conseil d'administration n'a pas encore décidé", a-t-il précisé.
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