Trois d'entre eux ont été auditionnés sous le régime de la garde à vue, une mesure qui a été levée jeudi, a précisé le parquet, sollicité par l'AFP.
"C'est une mesure de pression", a dénoncé Me Versini-Campinchi, qui entend "demander la nullité" de ces gardes à vue.
"Ce dossier est vide" et "manque de preuves", selon lui: "les plaignants", d'ex-employés indiens et népalais de ces chantiers, "n'ont pas été entendus" par la justice française et "ne peuvent pas être retrouvés", a-t-il souligné.
Les auditions des six cadres ont été menées par les gendarmes de l'Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI).
L'association Sherpa, une des organisations à l'origine de la plainte, a salué le fait que "les différents acteurs aient pu être entendus".
"L'instruction doit suivre son cours afin de déterminer si l'entreprise a pu se rendre responsable de ces faits ou non", a-t-elle ajouté, indiquant poursuivre son travail "afin que les anciens travailleurs puissent être officiellement entendus".
Vinci Constructions Grands Projets (VCGP) avait été mise en examen par un juge d'instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) en novembre dernier, à quelques jours de l'ouverture du Mondial au Qatar.
L'entreprise est poursuivie pour "soumission à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité", "obtention de la fourniture d'une personne en situation de vulnérabilité ou de dépendance de services, avec une rétribution sans rapport" et "réduction en servitude", avait indiqué le parquet de Nanterre.
Le dossier remonte à 2015, et une première plainte avait été classée sans suite en 2018. Mais des plaintes avec constitution de partie civile émanant des associations Sherpa et Comité contre l'esclavage moderne (CCEM), ainsi que d'ex-employés indiens et népalais de ces chantiers, ont entraîné l'ouverture d'une enquête par un juge d'instruction en novembre 2019.
Trois chantiers sont décriés par les plaignants: celui du "métro léger" ralliant Doha à Lusail, ville nouvelle qui a accueilli la finale de la Coupe du monde de football; celui des parkings souterrains de Lusail; celui de l'hôtel de luxe Sheraton, au coeur de Doha.
Un audit réalisé en janvier 2019 par plusieurs organisations syndicales (CGT, CFDT et CFE-CGC) au sein des activités qataries de Vinci a néanmoins conclu à l'existence de bonnes pratiques sur place en matière d'emploi.