Aluminium : Nexans et Trimet annoncent un accord novateur dans le recyclage de câbles

Le câblier français Nexans et le producteur d'aluminium allemand Trimet ont annoncé mardi un accord novateur pour la production de câbles électriques en aluminium contenant une "part substantielle de métal recyclé", qui va permettre de réduire leur consommation énergétique et leurs émissions de CO2.

"C'est une première, cela n'avait jamais été fait, nous nous sommes rapprochés du groupe Trimet et nous avons développé un procédé de fabrication de câbles en aluminium incluant une quantité significative d'aluminium recyclé, destiné aux réseaux électriques basse et haute tension", a indiqué à l'AFP Christophe Allain, directeur des métaux non ferreux chez Nexans.

Jusqu'à présent, le recyclage des câbles usagés n'était pas circulaire et ne débouchait jamais sur de nouveaux câbles électriques à l'identique. Il servait plutôt à produire des canettes de boissons ou des cadres de fenêtres, qui nécessitent des qualités d'alliages moins élevées.

Pour la mise en oeuvre de l'accord, Nexans garantira l'accès à des chutes industrielles et à de l'aluminium de récupération dit de "série 1", un alliage pur et tracé, grâce à sa filiale commune (34%) avec le groupe Suez, Recycable, basée à côté de Lens (Pas-de-Calais).

Cette société, qui recycle les câbles du réseau électrique issus de démolitions dans le secteur de l'industrie ou des transports, a une capacité de traitement de 20.000 tonnes de câbles (en aluminium ou en cuivre) chaque année.

De son côté, Trimet apportera le savoir-faire technique et garantira que les propriétés mécaniques et électriques du métal recyclé seront au même niveau que celles du métal vierge.

Cet accord devrait permettre des économies conséquentes, non encore chiffrées, pour un secteur de l'aluminium "hyper-électro-intensif" mis sous pression par la crise énergétique.

 

Crise ukrainienne 

Pour produire une tonne d'aluminium primaire à partir de minerai de bauxite puis d'alumine, l'énergie consommée est d'environ 13,5 MWh, soit de quoi éclairer une habitation pendant 35 ans selon les calculs de conversion d'EDF (1KWh pour une journée).

La production d'aluminium recyclé ne nécessite que 5% de cette énergie selon Aluminium France, l'organisme qui fédère les entreprises du secteur.

Et l'aluminium recyclé permet aussi de réduire de 85% le CO2 émis en supprimant l'étape très énergivore d'électrolyse de l'alumine, ajoute Nexans.

"Nous discutions depuis au moins trois ans avec Trimet sur la possibilité d'utiliser du +scrap+ (déchet de métal ou chute industrielle, NDLR), et c'est la crise ukrainienne qui a dynamisé le processus" avec la flambée des cours de l'électricité, souligne M. Allain.

Nexans recevra sa première livraison du nouveau fil d'aluminium partiellement recyclé produit par Trimet "d'ici la fin janvier", ajoute Nathalie Bacca, directrice de l'aluminium chez Nexans.

Dans un premier temps, la part de métal recyclé sera inférieure à 50%.

"Il n'y aura peut-être pas assez de déchets pour alimenter une production de câble à 100% recyclé", redoute Mme Bacca, les câbles électriques restant en place en moyenne 40 à 50 ans.

Le groupe mise néanmoins sur le remplacement "des réseaux électriques européens et américains en fin de vie", de véritables "mines urbaines".

"Plus on va remplacer, plus on va collecter de câbles avec des alliages qui nous intéressent", signale M. Allain.

Nexans consomme chaque année 100.000 tonnes d'aluminium vierge dans le monde, soit l'équivalent de 162.000 kilomètres du câble électrique le plus couramment utilisé, ou quatre fois le tour de la Terre.

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