Achat immobilier opaque : la justice britannique lève des sanctions visant un intermédiaire du Vatican

La justice britannique a annulé le gel des avoirs d'un homme d'affaires italien qui avait servi d'intermédiaire au Vatican lors d'un achat immobilier opaque à Londres, selon un jugement rendu public cette semaine.

La police du Vatican a arrêté en juin 2020 Gianluigi Torzi dans le cadre d'une enquête très médiatisée sur les montages financiers opaques ayant servi à l'achat en deux temps - entre 2014 et 2018- d'un luxueux immeuble situé dans le quartier huppé de Chelsea, au coeur de la capitale britannique.

Selon une version de l'enquête publiée par le portail du Vatican, Gianluigi Torzi se serait adjugé frauduleusement des droits de vote sur une société contrôlant l'immeuble. Il aurait ensuite exigé des sommes importantes au Saint-Siège pour céder ces mêmes droits, parvenant au printemps 2019 à obtenir 15 millions d'euros. Malgré les accusations d'extorsion, de détournement de fonds, de fraude aggravée et de blanchiment d'argent portées par le Vatican à l'encontre du financier italien, le juge britannique Tony Baumgartner a décidé de révoquer le gel de ses trois comptes bancaires britanniques en partie à cause d'"épouvantables" fausses déclarations du Vatican.

Le Saint-Siège n'a pas fourni de preuves suffisantes d'actes criminels, a par ailleurs affirmé le juge dans sa décision du 10 mars, rendue publique mercredi et mise en ligne vendredi par les avocats britanniques du financier. Cette affaire lève le voile sur les obscures et secrètes activités financières du Saint-Siège. L'année dernière, le pape François a promulgué une nouvelle loi visant à renforcer la transparence des appels d'offres du Vatican, dans le cadre d'une série de mesures destinées à faire la lumière sur ses rouages internes. Dans son arrêt, le juge Baumgartner a pris soin de souligner que la demande du gel des avoirs présentée par le Vatican avait été faite en toute bonne foi. Mais il a aussi affirmé que "les intérêts de la justice ne seraient pascorrectement respectés", si la Cour n'annulait pas une demande "présentant autant de défauts que celle-ci".

"Cela tournerait la procédure en dérision et encouragerait d'autres personnes à adopter la même approche", a-t-il ajouté, jugeant la "non-divulgation (de certaines informations) et les fausses déclarations du défendeur étaient si effroyables que la sanction ultime de levée (des sanctions) était justifiée".

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